«Femme ou homme: réfléchissez comment vous voulez vivre», dit Sita Mazumder. Pour cette économiste, entrepreneure et professeure à la Haute École de Lucerne, cette injonction est la pierre angulaire de la réussite professionnelle. S’affronter soi-même, être honnête avec soi. Ne pas choisir la voie de la moindre résistance, avoir le courage de changer le cours des choses, quitter son employeur ou même peut-être son conjoint. Et de continuer: «Pour être heureux et réussir, il faudrait aussi régulièrement se poser la question dans sa vie privée: est-ce que j’ai les bonnes personnes à mes côtés?» Ce sont avant tout les femmes qui resteraient souvent trop longtemps dans des relations, mais aussi dans des emplois qui les frustrent. «En revanche, elles modifient une situation plus radicalement que les hommes. Elles sont aussi plus souvent confrontées à des questions fondamentales que les hommes, du fait qu’en Suisse, c’est à elles qu’incombe majoritairement la décision de concilier famille et travail. Les rôles restent très traditionnels dans le contexte international.» Pour qu’un jour elles puissent sortir de ce cercle vicieux, Sita Mazumder lance un appel aux femmes: «Modifiez votre image de l’homme! L’homme est tout aussi prisonnier de son rôle de nourricier que la femme du sien de mère indigne au moment où elle jongle entre vie de famille et carrière.»
Lorsque Sita Mazumder s’exprime sur l’égalité des sexes et l’égalité des chances, deux qualités ressortent systématiquement: la confiance en soi et l’authenticité comme prérequis pour la satisfaction personnelle et le succès professionnel. Deux qualités qui, selon l’experte, sont fortement liées et qui donnent souvent du fil à retordre aux femmes. «Elles les empêchent inutilement de grimper les échelons professionnels.» Sita Mazumder révèle à Careerplus dans cette série d’interviews comment les femmes peuvent y remédier. Nous vous livrons aujourd’hui les 5 premiers conseils.
1. Viser la lune
«Lorsque les femmes bénéficient d’une promotion ou se trouvent devant la perspective d’un nouveau poste, elles se demandent en général: ‹Suis-je capable d’accomplir toutes ces tâches? Est-ce que je me sens à l’aise avec les gens? Y a-t-il des luttes de pouvoir?› Elles pensent moins en termes stratégiques que leurs collègues masculins, lesquels vont plutôt se demander: ‹Dans quelle mesure ce nouveau défi contribue-t-il à ma carrière professionnelle? Comment est-ce que je peux en profiter?› Mesdames: visez donc la lune! Je ne veux pas dire par là que la retenue féminine doit complètement céder devant le discours masculin – mais un bon mélange des deux serait le but idéal.»
2. Traiter d’égal à égal
«Réfléchissez à ce que votre comportement déclenche au niveau non verbal. Par exemple, vous arrivez à une séance et il manque des stylos. Par amabilité, vous pouvez en apporter un à chaque participant qui n’en a pas, et si vous faites cela, vous vous assignez d’emblée le rôle du fournisseur. Je vous propose ainsi dans une telle situation de vous asseoir et d’aborder le sujet: ‹Est-ce que quelqu’un d’autre n’a pas de stylo? Je m’en occupe volontiers.› De cette manière, vous proposez toujours aimablement votre aide, mais vous traitez d’égal à égal.»
3. Savoir le dire
«Ce sont des stéréotypes, mais il est vrai que les femmes transforment souvent leur avis en question, utilisent trop régulièrement ‹pourrait›, ‹aurait›, ‹devrait›, ‹serait›, ne prennent pas la parole lors des séances ou s’expriment à voix basse, même lorsque leur contribution est bonne. Donc, si vous avez quelque chose à dire, dites-le à haute et intelligible voix, avec conviction. Participez activement aux séances et ne vous isolez pas. Mais ne vous asseyez pas non plus tout le temps à côté du chef. Et si on ignore votre point de vue, insistez aimablement, mais fermement.»
4. L’authenticité l’emporte sur le style
«Le marketing de soi est un grand thème. C’est aussi un terme qui ne me plaît pas vraiment, mais je n’en ai pas trouvé de meilleur. Le marketing de soi devrait impliquer l’assurance et l’authenticité. Trop souvent pourtant, ce thème est ramené à l’apparence: ‹l’habit fait le moine›, ‹avec une belle apparence, c’est 50% de gagné›. À mon avis, même si une fois, votre style n’est pas à 100% dans les normes – que ce soit le vêtement ou la coiffure –, mais que vous vous sentez à l’aise, alors foncez! Soyez consciente que vous cassez les codes conventionnels, et faites-le avec conviction.»
5. Ne vous excusez pas tout le temps
«Comprenez-moi bien: il n’y a rien de pire que les gens qui ne s’excusent jamais. Les femmes, par contre, s’excusent trop souvent. Par exemple: lors d’un workshop, une participante s’apprêtait à faire un croquis au tableau. Elle a commencé par s’excuser de ses piètres dons de dessinatrice alors qu’elle n’avait pas encore commencé à dessiner. Finalement, elle a dessiné… un smiley! Qui ne nécessite évidemment aucun don artistique! Mon conseil: ne vous excusez que lorsque vous avez une raison valable de le faire.»
«Mesdames: visez davantage la lune!» 2e partie
Sita Mazumder
Elle est professeure en économie à l’«Institut für Finanzdienstleistungen Zug IFZ» de la Haute École de Lucerne, un centre de compétences dédié aux finances. Elle est également fondatrice et directrice d’une société de consulting et siège dans plusieurs conseils d’administration. Sita Mazumder est spécialisée notamment dans la recherche sur les thèmes de la corruption, du blanchiment d’argent et du terrorisme, ainsi que du rôle de la femme dans l’économie. Depuis 2007, elle publie une série d’ouvrages en allemand sous le titre «Unbeirrt weiblich und erfolgreich» (Droite dans ses bottes, féminine et couronnée de succès).