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Travail à la demande: Myra Fischer-Rosinger sur le futur du travail temporaire

En 2016, 318'000 personnes ont travaillé en Suisse dans des rapports de travail temporaires. C’était quatre fois plus qu’il y a 25 ans! Une tendance en augmentation. Qu’en pense l’experte Myra Fischer-Rosinger? Notre interview.

24. mai 2018

Depuis 2014, Myra Fischer-Rosinger est la directrice de swissstaffing, l’association suisse des employeurs de la branche des services de l’emploi. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle en connaît un rayon sur le sujet. Comment voit-elle l’évolution du travail à la demande? Elle nous livre ses réponses dans le dernier White Paper «Travail à la demande, le futur à durée déterminée!» Extraits.

En quoi le marché du travail temporaire s’est-il transformé ces dernières années?

Il a fortement progressé, bien qu’il reste volatile et qu’il se calque sur la conjoncture. Ce qui est frappant, c’est de voir le «déplacement» de la classe des travailleurs: autrefois auxiliaires peu qualifiés, aujourd’hui plutôt spécialistes qualifiés. En 2006, environ 50% du personnel temporaire était spécialisé contre 75% en 2014. Aujourd’hui, ce chiffre est sûrement encore plus élevé. Par chance, les agences de placement ont suivi cette évolution et peuvent répondre à la demande croissante de personnel qualifié.

Comment expliquez-vous ce «déplacement»?

D’une part, il faut le mettre en corrélation avec l’évolution générale du marché du travail: comme les activités de routine sont de plus en plus automatisées, la demande de spécialistes augmente. D’autre part, c’est aussi un reflet de la richesse de notre société: de nombreux travailleurs recherchent la flexibilité pour pouvoir faire autre chose le reste du temps: voyager, se perfectionner, se mettre à leur compte, ou prendre du temps pour la famille. Choisir une activité avec un contrat à durée limitée leur permet de réaliser des objectifs de vie et de gagner de l’argent ponctuellement de manière sûre. En 2014, 45% de tous les travailleurs temporaires interrogés ont choisi délibérément cette forme de travail.

Marché du travail 4.0: quelle est l’influence de la transformation digitale sur l’évolution du travail à durée déterminée?

La digitalisation voit fleurir de plus en plus de plateformes de matching (adéquation): une personne propose une prestation X, et une autre personne la recherche. La plateforme permet de se connecter et d’entrer en contact facilement et rapidement avec l’interlocuteur souhaité. On peut dire que la digitalisation favorise les prestations ponctuelles. On ne sait pas, en revanche, si cette «gig economy» (économie à la tâche mondialisée) va s’imposer dans la réalité à long terme. Quoi qu’il en soit, ces changements ouvrent la porte à de nouvelles options pour les agences de recrutement qui pourraient bien se développer en plateformes de matching.

Comment le travail temporaire va-t-il évoluer dans le futur?

La Suisse se situe encore - par rapport à ses chiffres sur le travail temporaire - dans une moyenne européenne. Il est fort imaginable qu’avec des efforts intensifiés, nous puissions jouer un rôle de leader dans le futur. Je vois aussi du potentiel dans les plateformes de matching. Si elles deviennent aptes à réguler automatiquement la sécurité sociale des travailleurs, elles pourront tout à fait s’implanter en Suisse. Ce qui est important, c’est de continuer à montrer les avantages du travail temporaire comme étant un modèle de travail soumis à des règlementations.

Retrouvez l’interview complète de Myra Fischer-Rosinger dans notre dernier White Paper «Travail à la demande, le futur à durée déterminée!».

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