L’éventail des plateformes de l’emploi sur le Web est immense. Pour les chercheurs d’emploi, c’est confus, compliqué et énergivore. Et c’est pile-poil dans ce talon d’Achille que Google lance son offensive: sa nouvelle fonction «Google for Jobs» devrait simplifier considérablement le recrutement. En quelques clics sur Google, on trouve désormais les annonces d’offres d’emploi du Web. Mais cet outil représente aussi une attaque frontale contre les moteurs de recherche classiques, surtout pour Indeed, la plateforme la plus utilisée actuellement. Indeed qui avait réussi d’ailleurs à faire sortir du jeu les portails de l’emploi traditionnels du marché et à prendre la plus grosse part du marché mondial.
Avant de nous pencher sur la nouvelle fonction dédiée à l’emploi de Google, faisons un petit tour sur le succès d’Indeed. La ressemblance entre les deux entreprises est d’ailleurs frappante, puisque toutes deux fonctionnent sur des principes similaires. Indeed rassemble toutes les annonces d’offres d’emploi des entreprises et des agences de recrutement et à partir de là, ces dernières peuvent mettre en avant leurs annonces comme elles le feraient sur Google. Même le fonctionnement tarifaire est similaire entre les deux géants: le client paie uniquement pour ce qu’il reçoit en retour, cela peut être un clic ou une postulation. Par ailleurs, Indeed fournit aux chercheurs d’emploi une palette d’annonces considérable et elle est présente sur Google notamment en investissant de fortes sommes pour Google Adwords (SEA) et pour l’optimisation du référencement naturel (SEO). Tout cela lui assure une présence sans pareil sur le Web. Peu importe où et comment un candidat cherche un emploi, dans les résultats de recherche Google, les annonces Indeed arrivent toujours en première position. Une place au soleil inestimable puisqu’environ la moitié de tous les chercheurs d’emploi aujourd’hui font leur recherche via Google.
«Google for Jobs»: trouver un job en un claquement de doigts!
Le succès d’Indeed n’est évidemment pas passé inaperçu chez Google et c’est ce qui a dû motiver le géant du Web à se plonger dans le marché lucratif du recrutement en ligne. «Google for Jobs» a été lancé en mai 2017 aux États-Unis et pourrait arriver aussi en Europe. C’est pourquoi nous vous proposons déjà aujourd’hui une analyse de ses fonctionnalités.
Le principe est simple: pour trouver un travail, Google utilise le moteur de recherche traditionnel. Si par exemple, l’internaute cherche sous «Développeur New York», Google ratisse le Web entier et trouve toutes les annonces correspondantes. Google se sert ici donc de sources comme les portails de l’emploi, les pages carrière des entreprises, ainsi que des partenaires comme LinkedIn, CareerBuilder et Glassdoor. Les résultats de la recherche sont ensuite organisés – procédé que l’on connaît déjà via une recherche simple sur Google – puis listés automatiquement. Google travaille ici avec les balises Meta: elle exécute une recherche sémantique et livre ainsi des résultats très complets. Si vous regardez notre exemple, on voit qu’en sus de tous les emplois de développeur, on trouve aussi toutes les annonces qui ont des mots clés apparentés avec les mots clés recherchés. Grâce à la plateforme de Machine Learning, la recherche devrait devenir de plus en plus précise et efficace.
Les résultats de la recherche peuvent aussi être filtrés selon des critères spécifiques comme le lieu, le secteur d’activité, le salaire, l’expérience professionnelle, un temps plein ou partiel. Celui qui trouve le métier de ses rêves sur Google peut poser sa candidature directement sur la plateforme ou alors se laisser rediriger sur le site de l’entreprise ou du portail de recherche d’emploi.
«Google for Jobs» dans les résultats de recherche (semblable à Google Flights ou Google Maps)
«Google for Jobs» – moteur de recherche avec filtres et fonction de recherche
Pourquoi les moteurs de recherche se retrouvent-ils sous pression?
Avec environ 3,29 billions de requêtes par année (chiffre 2016*), Google est le plus grand moteur de recherche au monde. Pour posséder tout le marché de la recherche d’emploi en ligne, il n’y a donc qu’un pas. L’élément décisif du succès de «Google for Jobs» sera la rapidité à laquelle Google réussira à identifier les postes, les recueillir et les organiser. Mais comme la société connaît et indexe aujourd’hui déjà tous les sites Internet du monde, c’est un paramètre qui ne devrait pas vraiment poser problème. Sans compter le fait qu’elle peut très bien, avec sa nouvelle fonctionnalité, se placer juste en dessous des annonces Adwords et juste au-dessus du premier résultat de recherche organique. C’est justement là qu’il y a danger en la demeure pour tous les autres moteurs et portails de recherche d’emploi qui fonctionnent avec le trafic Google pour se positionner. Indeed dégringole aujourd’hui considérablement avec ses recherches organiques et perdra par conséquent aussi du trafic organique. Pour les plateformes de l’emploi, l’avenir se dessine en deux scénarios: la concurrence va augmenter, et les annonceurs vont devoir se surpasser en imagination pour se trouver en pole position dans les résultats Google. Par ailleurs, Google va renforcer son influence et créera des rapports de dépendance.
Comparaison des résultats entre les États-Unis et la Suisse: Indeed apparaît après «Google for Jobs» dans les résultats
Comment les entreprises et les sociétés de recrutement doivent-elles réagir?